Au titre de sa compétence « GEMAPI », et plus précisément au titre de la prévention des inondations, le SML76 est gestionnaire des trois digues de protection contre les submersions marines de Veulettes-sur-Mer/Paluel, de Saint-Aubin-sur-Mer et d’Étretat.
Une digue est un ouvrage linéaire construit en surélévation par rapport au terrain naturel afin de prévenir les inondations lorsque le niveau de l’eau est plus élevé que le niveau de la zone protégée.
Schéma du fonctionnement d’une digue (à partir d’une représentation réalisée par EPTB-Loire)
Sur la côte d’Albâtre, ce type d’ouvrage de protection contre les submersions n’existe que sur six sites (les trois digues susmentionnées ainsi que les digues de Quiberville/Sainte-Marguerite-sur-Mer, Pourville-sur-Mer et Criel-sur-Mer). Les ouvrages présents sur les autres plages relèvent en effet uniquement de la protection contre l’érosion des fronts de mer et du maintien du cordon de galets (Yport, Fécamp, Saint-Valery-en-Caux, Veules, Dieppe-Puys, etc…).
En Seine-Maritime, et en l’occurrence sur les sites de Veulettes-sur-Mer/Paluel, de Saint-Aubin-sur-Mer et d’Étretat, ces digues, directement exposées aux éléments, sont des infrastructures de génie civil avec parement en béton armé, conçues pour résister à l’action érosive des vagues et des galets.
Ces trois infrastructures ont été classées par arrêté préfectoral en ouvrages hydrauliques de catégorie « C » * au titre du décret « digues » du 11/12/2007.
(*c’est-à-dire protégeant une population supérieure à 10 personnes de plus d’un mètre d’eau)
Ce classement entraine un certain nombre d’obligations de surveillance, d’entretien, de connaissance et de gestion, relatives à la sécurité et à la sûreté des ouvrages, afin que le responsable d’un ouvrage maintienne celui-ci dans son rôle optimal de protection.
Parmi ces obligations, figure l’« étude de danger » qui est la base de la connaissance du système d’endiguement et de son environnement pour le gestionnaire de digue. Cette étude doit ainsi présenter et justifier le fonctionnement et les performances attendues du système (zone protégée, niveau de protection, risques de défaillance) en toutes circonstances, à partir d’une démarche d’analyse de risques s’appuyant sur la collecte, l’étude et la confrontation de toutes les informations et données pertinentes (données topographiques, géotechniques, historiques, enjeux et simulations issues de modélisations hydrauliques).
Après appel d’offres, le SML76 a retenu en juin 2021 le groupement de bureau d’études ANTEA/DHI pour la bonne réalisation de ces études attendues par l’État pour septembre 2022.
La méthodologie d’une étude de dangers est la suivante :
1 – Recherche et analyse des connaissances existantes sur la digue, les aléas et les enjeux. Pour cela l’ensemble des données techniques et historiques disponibles sont examinées (dossier de l’ouvrage, plans, cartes, photographies, relevés topographiques et géotechniques, retours d’expérience après tempêtes, données marégraphiques et hydrodynamiques, etc…).
2 – Investigations complémentaires : sur la base de l’analyse des données existantes et d’une visite technique approfondie des ouvrages avec le SML76, un programme d’études complémentaires géotechniques et topographiques a été arrêté par ANTEA/DHI afin de disposer de l’ensemble des données indispensables à la bonne caractérisation des performances des ouvrages. Ces études ont été réalisées de novembre à février 2022.
3 – Exploitation des données :
À partir de l’ensemble des données recueillies, pour chaque site, le bureau d’étude va pouvoir ainsi pleinement caractériser :
- L’environnement et l’aléa météo-marin (statistiques de niveau marin et de houle à la côte, évolution de la morphologie du cordon de galet etc…);
- Le système d’endiguement lui-même (la digue et les autres ouvrages contributifs à la prévention des inondations du type épis, réseau pluvial permettant le ressuyage en zone protégée, etc…),
- La performance fonctionnelle et structurelle du système d’endiguement (probabilité de défaillance par déversement/dépassement de la digue ou par rupture).
Ce diagnostic approfondi permet ainsi d’évaluer les évènements marins (niveaux de mer et de vagues) engendrant une probabilité de défaillance du système d’endiguement supérieure ou égale à 50 % (niveau de danger) et supérieure ou égale à 5 % (niveau de de sureté).
Sur ces bases, le SML76, en concertation avec les autorités compétentes en matière de GEMAPI et les communes concernées, s’engagera sur un niveau de protection devant être inférieur ou égal au niveau de sureté. Tout dépassement de ce niveau de protection lors d’une tempête majeure ne pourra ainsi pas engager la responsabilité du gestionnaire à raison des dommages que l’ouvrage n’a pas permis de prévenir (dès lors qu’il a été exploité et entretenu dans les règles de l’art et conformément aux obligations légales et réglementaires).
4 – Définition de la zone protégée et scénarios de venues d’eau potentiellement dangereuses pour les populations dans la zone protégée.
Exemple de Criel-sur-Mer : venues d’eau dangereuses pour un évènement météo-marin centennal
À partir du niveau de protection arrêté, des caractéristiques de performances des systèmes d’endiguement et des modélisations hydrauliques réalisées par le bureau d’étude, les zones protégées à l’arrière des ouvrages pourront être définies.
De même, pour des évènements dépassant le niveau de protection et notamment les évènements équivalent au niveau de danger et à la tempête de période de retour centennale, ces modélisations intègreront le niveau marin, les vagues à la côte, les volumes franchissant par-dessus les digues (ou à travers les potentielles brèches), la propagation des inondations dans les zones protégées afin de définir les venues d’eau potentiellement dangereuses pour la population (hauteur d’eau supérieur à 1 mètre ou vitesse des écoulement supérieur à 0,5m/s).
Enfin, l’organisation du SML76 pour la gestion de ces ouvrages sera analysée. Le bureau d’études proposera des préconisations d’amélioration, notamment pour le bon entretien et la surveillance des différentes parties de l’ouvrage et pour la gestion de crise lorsque les niveaux de protection risquent d’être dépassés ; ceci en lien avec les potentiels Plans Communaux de Sauvegarde des communes concernées.
Actuellement en cours, les trois études de dangers doivent s’achever en août 2022.
Le Décret Digues du 12 mai 2015 impliquant une demande d’autorisation, par le gestionnaire, des digues organisées en systèmes d’endiguement, ces études de dangers s’inscrivent également dans le cadre des deux futures demandes initiales d’autorisation des systèmes d’endiguement correspondants.
D’un montant global de 285 000 € TTC, celles-ci sont financées par le Département de la Seine-Maritime à hauteur de 66 % et par l’État via le fond Barnier à hauteur de 33 %.